L'année 2024 confirme la progression des prix des terres agricoles pour la troisième année consécutive, atteignant un niveau record de 6 400 €/ha pour les terres libres, malgré une contraction du marché qui passe sous la barre des 100 000 transactions pour la première fois depuis 2020.
Nous analysons pour vous les derniers chiffres communiqués par la SAFER (L'analyse des marchés fonciers ruraux - mai 2025) et complétés par les données du Ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
Le nombre de transactions constatées par la SAFER sur les ventes de terres et de prés en 2024 s'établit à 98 350 transactions en baisse de 5,9% par rapport à 2023. C'est la première fois depuis 2020 que le marché passe sous la barre symbolique des 100 000 ventes annuelles.
Les surfaces vendues diminuent également de 5,2% à 431 200 hectares. Cette contraction du marché s'accompagne d'une baisse encore plus marquée de la valeur globale des transactions, qui chute de 17,7% pour s'établir à 6,17 milliards d'euros.
Cette évolution s'inscrit dans la continuité du repli amorcé en 2023, ramenant le marché aux niveaux d'avant la crise sanitaire de 2020.
Indicateur | 2023 | 2024 | Évolution (%) |
---|---|---|---|
Nombre de transactions | 104 560 | 98 350 | -5,9% |
Surface échangée (ha) | 454 900 | 431 200 | -5,2% |
Valeur totale (milliards €) | 7,496 | 6,17 | -17,7% |
Malgré la contraction du marché, le prix des terres libres non bâties poursuit sa progression pour la troisième année consécutive. Il atteint 6 400 €/ha en 2024, soit une hausse de 3,2% par rapport à 2023.
Cette augmentation, plus marquée qu'en 2023 (+1,5%), s'explique notamment par la détente des taux d'intérêt en 2024, après une période de forte tension où ces derniers avaient quadruplé entre 2022 et 2023.
Type de terres | Prix 2023 (€/ha) | Prix 2024 (€/ha) | Évolution (%) |
---|---|---|---|
Terres libres | |||
Grandes cultures | 7 710 | 7 820 | +1,4% |
Élevage bovin | 4 630 | 4 790 | +3,3% |
Polyculture-élevage | 6 170 | 6 450 | +4,6% |
Terres louées | |||
Grandes cultures | 6 450 | 6 570 | +1,8% |
Élevage bovin | 3 900 | 3 950 | +1,2% |
Polyculture-élevage | 5 020 | 5 110 | +2,0% |
Les zones d'élevage bovin connaissent la progression la plus importante (+3,3%) dans un contexte de stabilisation des cours de lait et de la viande à des niveaux supérieurs aux années précédentes.
Le prix moyen de vente des terres louées progresse également de 2,0% pour atteindre 5 220 €/ha. Cette évolution confirme la tendance haussière observée ces dernières années.
L'écart de prix entre terres libres et terres louées reste stable à environ 18%, la décote traditionnelle des biens loués par rapport aux terrains libres se maintenant dans des proportions similaires aux années précédentes.
La progression du prix moyen national s'appuie sur une tendance haussière quasi généralisée sur tout le territoire. Seules deux régions font exception avec des reculs minimes :
Bourgogne-Franche-Comté : -0,3%
Pays de la Loire : -0,5%
Les hausses les plus prononcées sont enregistrées dans :
Provence-Alpes-Côte d'Azur : +13,6% (11 930 €/ha)
Hauts-de-France : +7,7% (10 950 €/ha)
Grand Est : +7,4% (6 810 €/ha)
Région | Prix 2024 (€/ha) | Évolution 2024/2023 |
---|---|---|
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 11 930 | +13,6% |
Hauts-de-France | 10 950 | +7,7% |
Normandie | 9 340 | +3,5% |
Île-de-France | 7 750 | +2,2% |
Occitanie | 7 280 | +0,7% |
Grand Est | 6 810 | +7,4% |
Centre-Val de Loire | 6 670 | +4,7% |
Bretagne | 6 520 | +5,8% |
Nouvelle-Aquitaine | 5 470 | +0,6% |
Auvergne-Rhône-Alpes | 4 860 | +3,8% |
Pays de la Loire | 4 040 | -0,5% |
Bourgogne-Franche-Comté | 2 920 | -0,3% |
La Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie, touchées par les difficultés agricoles, voient leurs prix progresser modérément (+0,6% et +0,7% respectivement).
Si les agriculteurs personnes physiques restent les premiers acquéreurs en surface (49,3%), leur proportion diminue depuis plusieurs années et recule encore en 2024 (-6,8% en nombre, -9,7% en surface).
À l'inverse, les achats par les sociétés agricoles progressent fortement (+6,2% en nombre, +6,3% en surface), confirmant la tendance de long terme vers la sociétarisation de l'agriculture française.
Les achats par des non-agriculteurs (investisseurs, particuliers) voient leur présence reculer tant en nombre (-9,9%) qu'en surface (-5,0%).
Parallèlement au marché foncier traditionnel, le marché des parts sociales continue sa progression. En 2024, 8 530 déclarations de mouvements de parts sociales ont été enregistrées, concernant 7 550 sociétés exploitant au total 955 500 hectares.
La valeur de ce marché atteint 3,446 milliards d'euros, en croissance de 86% sur un an. Ces chiffres, plus représentatifs de la réalité après une première année d'application de la loi Sempastous, témoignent de l'importance croissante de ce segment.
Avec une inflation de 2,0% en moyenne annuelle en 2024, nettement inférieure aux 4,9% de 2023, la progression des prix des terres (+3,2%) permet cette année de préserver légèrement la valeur réelle du patrimoine foncier, contrairement aux années précédentes.
Cette amélioration relative contraste avec la période 2018-2023, où l'inflation cumulée (15,5%) avait largement dépassé la progression des prix des terres, entraînant une érosion du pouvoir d'achat patrimonial.
Le marché des terres agricoles en 2024 se caractrise donc par une dichotomie entre un volume d'activité en recul et des prix qui continuent de progresser. Cette situation s'explique par :
La détente des taux d'intérêt qui facilite l'accès au financement
La raréfaction de l'offre de terres disponibles
Les stratégies d'agrandissement des exploitations existantes
L'attractivité persistante du foncier comme placement patrimonial
Cette évolution interroge sur l'accessibilité du foncier pour les jeunes agriculteurs et pose la question de la régulation du marché face à la concentration croissante des structures agricoles.
Pour une analyse détaillée de votre région ou de votre département, nous vous invitons à consulter nos articles spécialisés par territoire, disponibles sur notre blog dans la section Le prix des terres.