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Peut-on vendre des terres agricoles sans passer par la SAFER ? Démystification et solutions

Publié le October 1, 2025 par Bernard Charlotin
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Peut-on vendre des terres agricoles sans passer par la SAFER ? Démystification et solutions

La vente de terres agricoles en France est encadrée par un droit de préemption attribué aux SAFER (Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural). Toutefois, de nombreuses idées reçues entretiennent la confusion : on pense souvent que toute transaction « passe par la SAFER », comme si la SAFER devenait de fait un intermédiaire obligatoire ou un agent immobilier incontournable. En réalité :

  • La Déclaration d’Intention d’Aliéner (DIA) est une formalité notariale destinée à informer la SAFER, sans lui conférer de mandat de vente.
  • La SAFER dispose d’un délai de préemption de 2 mois pour décider d’exercer ou non son droit, sans quoi elle est réputée désistée.
  • L’insertion d’une clause DIA dans le compromis de vente n’exonère jamais de faire la DIA et n’empêche pas la SAFER d’exercer son droit de préemption.
  • La SAFER peut intervenir à titre amiable par une pratique de substitution, mais celle-ci demeure facultative et suscite des critiques de concurrence déloyale.

Cet article détaille le cadre légal, les confusions, les alternatives et les précautions pour vendre un terrain agricole en toute légalité, tout en respectant les étapes clés du processus de vente et en intégrant les mots-clés essentiels pour optimiser la compréhension et le référencement.


Table des matières
1. Les idées reçues sur la SAFER
2. La DIA : une formalité notariale indispensable
3. Le droit de préemption expliqué
4. L’intervention amiable par substitution
5. Alternatives pour vendre sans passer par la SAFER
6. Cas pratiques et exemples concrets
7. Risques, délais et coûts d’un contentieux
8. Recommandations pour sécuriser votre vente
9. FAQ détaillée
10. A lire également sur notre blog

1. Les idées reçues sur la SAFER

1.1 “Toutes les ventes passent par la SAFER”

Beaucoup de vendeurs pensent que le fait d’acheter un terrain agricole implique automatiquement de conclure via la SAFER. Cette confusion s’explique par l’obligation de la DIA : puisque le notaire doit systématiquement envoyer le dossier à la SAFER, on a l’impression que la SAFER orchestre toutes les transactions. En réalité, la DIA est une simple notification. Vous pouvez parfaitement signer un compromis de vente ou un acte de vente directement avec un acheteur initial, sans mandat à la SAFER.

1.2 La SAFER n’est pas un agent immobilier obligatoire

Contrairement à un courtage classique où l’agent immobilier perçoit une commission, la SAFER ne reçoit pas de rémunération du vendeur. Sa mission est d’aménagement foncier, de préservation de la vocation agricole et de régulation du foncier rural. Lorsqu’elle intervient à titre amiable, c’est pour exercer un droit de substitution, une pratique facultative qui ne vous lie en rien si vous ne souhaitez pas y souscrire.


2. La DIA : une formalité notariale indispensable

2.1 Rôle et responsabilités du notaire

enseigne-notaireLa DIA est réalisée par le notaire rédacteur de l’acte authentique. Au moment de la rédaction du compromis de vente, le notaire prépare un dossier complet comprenant :

  • La description cadastrale de la parcelle (section, numéro, surfaces).
  • Le zone­ment : zone agricole, mixte ou constructible selon le PLU.
  • Le prix de vente et les conditions convenues entre les parties.
  • Les modalités de paiement : recours à un crédit immobilier ou à un prêt immobilier spécifique pour l’agriculture.
  • Les éventuels bâtiments agricoles, assurance habitation pour un logement d’exploitation, et autres éléments (serres, hangars).

Le notaire transmet ce dossier à la SAFER, qui déclenche alors le délai de préemption.

2.2 Délai légal de préemption

Conformément aux articles L143-1 à L143-16 du Code rural, la SAFER dispose d’un délai de préemption de 2 mois à compter de la notification de la DIA. Passé ce délai de préemption, la SAFER est réputée désistée, ce qui vous permet de signer l’acte de vente et de finaliser la transaction.


3. Le droit de préemption expliqué

3.1 Objectifs et fondement juridique

Le droit de préemption de la SAFER a pour objectif :

  • De préserver la vocation agricole du foncier rural.
  • De faciliter le transfert de propriété vers des exploitants ou des établissements ruraux.
  • D’éviter la spéculation et la fragmentation excessive des parcelles.

Il s’inscrit dans la mission public de la SAFER et contribue à l’aménagement foncier du territoire.

3.2 Effets concrets

  • Préemption totale : la SAFER se substitue à l’acheteur initial et achète le bien au prix fixé dans le compromis.

  • Révision de prix : si la SAFER estime que le prix est exagéré, elle peut proposer un montant inférieur. Le vendeur dispose alors de trois options : accepter le prix, refuser (et retirer la vente), ou saisir le tribunal de grande instance pour faire réviser le prix.


4. L’intervention amiable par substitution

4.1 Processus détaillé

La substitution amiable se déroule ainsi :

  1. La SAFER signe avec le vendeur une promesse de vente sur la base du compromis initial.
  2. Elle identifie un candidat acquéreur (souvent un agriculteur ou un organisme rural).
  3. Elle fait signer à ce candidat une promesse d’achat conditionnée à l’avis du comité technique.
  4. Le dossier est présenté au comité technique, composé de représentants de la SAFER, d’agriculteurs et d’élus locaux.
  5. En cas d’accord, la promesse se transforme en acte de vente authentique.

Un seul acte de vente est alors signé entre le vendeur et l'acquéreur avec mention de l'intervention de la SAFER dans le cadre d'un processus de substitution. La SAFER perçoit alors une rémunération qui dans certaines régions dépasse 10% du prix de vente. Le contrat de vente est également accompagné d'engagements pris par l'acquéreur dans le cadre d'un cahier des charges à respecter sur une durée minimale de 10 ans.

Attention, la promesse de vente signée par le vendeur l'engage de façon beaucoup plus forte qu'un mandat confié à une agence. Le propriétaire s'est en effet obligé à vendre son bien dans des conditions données jusqu'au terme de la promesse. Il n'a pas la possibilité de refuser d'exécuter la vente si la SAFER l'exige.

4.2 Critiques et risques

  • Cette intermédiation est souvent qualifiée de concurrence déloyale par la FNAIM, le FNPPR ou l’IFRAP, car la SAFER exerce un rôle proche de celui d’un agent immobilier sans appliquer de taux commercial.
  • Certains vendeurs craignent une négociation moins favorable ou un délai supplémentaire, d’autant que la SAFER peut imposer une révision du prix.

5. Alternatives pour vendre sans passer par la SAFER

5.1 Vente directe ou via un professionnel

clef-agent-immobilierPour vendre un terrain agricole sans recourir à la substitution SAFER, vous pouvez :

  • Confier un mandat à une agence immobilière ou à un courtier spécialisé en foncier agricole.
  • Négocier directement avec un acheteur initial (agriculteur, collectivité, investisseur privé) pour conclure un compromis ou une promesse de vente.
  • Organiser une vente aux enchères notariale ou publique, procédure qui ne fait pas intervenir la SAFER comme intermédiaire.

5.2 Cas d’exemption au droit de préemption

Certains types de ventes sont exonérés de DIA :

  • Ventes familiales (entre ascendants et descendants, époux), sous réserve d’information de la SAFER, mais sans droit de préemption.
  • Cessions entre indivisaires, dès lors que chaque indivisaire cède à un co-indivisaire.
  • Bail rural en cours depuis plus de 3 ans : le fermier en place bénéficie d’une priorité et la SAFER ne peut pas préempter.
  • Terrains hors zone agricole : les parcelles situées en zone constructible ou non classées en zone agricole par le PLU (Plan Local d’Urbanisme) ou le SCOT (Schéma de Cohérence Territoriale) échappent au droit de préemption.

6. Cas pratiques et exemples concrets

6.1 Exemple 1 : Vente familiale

Un exploitant souhaite vendre 5 ha à son fils. La DIA est envoyée, mais la SAFER ne peut pas préempter, car il s’agit d’une cession familiale. Le notaire finalise l’acte de vente deux mois après la DIA, sans intervention de la SAFER.

6.2 Exemple 2 : Bail rural de longue durée

Une parcelle est louée depuis 12 ans à un agriculteur. La SAFER reçoit la DIA mais ne peut pas exercer son droit car le bail rural dépasse 3 ans. La vente se conclut directement entre le propriétaire et l’exploitant.

6.3 Exemple 3 : Vente directe à un investisseur

Un industriel souhaite implanter une unité de méthanisation. Le terrain est en zone mixte, partiellement constructible. Le vendeur contacte directement l’acheteur, signe un compromis de vente et fait réaliser la DIA par le notaire. La SAFER ne préempte pas et le projet d’aménagement foncier industriel peut démarrer.


7. Risques, délais et coûts d’un contentieux

7.1 Nullité de la vente

Si la DIA n’est pas réalisée, la SAFER peut demander la nullité de la vente devant le tribunal de grande instance. Le vendeur risque également des dommages-intérêts si la SAFER démontre un préjudice.

7.2 Révision judiciaire du prix

En cas de révision de prix, la SAFER peut proposer un prix moindre. Si le vendeur refuse, il peut saisir le tribunal pour demander la fixation judiciaire du prix. La procédure peut durer plusieurs années, avec des honoraires d’avocat, des frais d’expertise et des coûts de justice.

7.3 Délai global

  • Délai de préemption : 2 mois
  • Procédure judiciaire : 1 à 15 ans selon la complexité
  • Coûts : 10 000 € à 50 000 € en frais divers

8. Recommandations pour sécuriser votre vente

  1. Faire réaliser la DIA par le notaire dès la signature du compromis.
  2. Vérifier la zone agricole, le cadastre, et le potentiel constructible.
  3. Estimer le prix via un expert ou un agent immobilier pour éviter les litiges sur la valeur.
  4. Éviter les clauses DIA trompeuses dans le compromis : elles n’ont aucun effet légal.
  5. Choisir le bon intermédiaire : agence spécialisée ou transaction directe.
  6. Anticiper les délais en intégrant les délai de préemption dans votre planning de vente.
  7. Consulter un avocat spécialisé en foncier agricole pour sécuriser chaque étape.

9. FAQ détaillée

La DIA (Délcaration d'Intention d'Alierner) est réalisée et transmise par le notaire rédacteur de l’acte. Le vendeur n’a pas à la déposer lui-même.

Toute vente de parcelle agricole oblige à dépoer une DIA. Aucune clause ne peut dispenser de cette formalité.

Oui, vous pouvez publier une annonce sur un portail immobilier, fixer un prix de vente, et conclure directement avec un acheteur. La vente sera notifiée à la SAFER qui pourra décider ou non d'exercer son droit de préemption.

Comme dans le cadre d'une préemption, le Comité Technique SAFER valide l’objectif, le prix et la mission de la SAFER lors d’une substitution de vente.

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